Bienvenue en prison! (PV avec Yoshi :P)

Nobuo traînait les pieds dans le grand hall, tirant une lourde valise derrière lui, un sac dans sa main libre et un sac à dos sur les épaules. Décidément, il n’aimait pas l’allure de cette école. Ça sentait le renfermé. Ça sentait la colère, la rage, la frustration. Ça sentait la violence, la hargne, voir même le sang. Le jeune homme renifla. Il n’arrivait pas à croire qu’on l’avait envoyé ici. Bon, il s’était mal conduit. « Voler, c’est mal Fujita-kun! » lui répétaient sans cesse le directeur, ses professeurs et même le psychologue que ses parents avaient insisté qu’il voit, l’an dernier. Mais il n’y pouvait rien! C’était une deuxième nature! Voler, ça faisait parti de lui. Et bon...il ne comprenait pas ce qu’il venait faire dans une école pour meurtrier, comme il l’appelait secrètement avec Jun.

« - Excusez-moi! » fit-il en s’adressant à un groupe de jeunes de son âge. « Pouvez vous m’indiquer où est le secrétariat? »

Les adolescents le dévisagèrent de façon méprisante puis s’éloignèrent, amenant avec eux une tenace odeur de drogue. Nobuo soupira. Des drogués. Qui fument en cachette dans l’école?? « JE N’AI PAS MA PLACE ICI! » se hurla-t-il mentalement avec rage. Il tira maussadement ses bagages jusqu’au secrétariat qu’il finit par trouver après quelques minutes. L’homme au bureau était en train de lire…Il lui répondit assez vertement… « Oh, pardon! Faut pas déranger pendant qu’il lit des hentai… » s’emporta encore une fois mentalement le voleur. C’était rare qu’il se fâche vraiment…et il n’avait pas envie d’empirer son cas. Peut-être qu’on le relâchera pour bonne conduite?

« - Ton nom? » Demanda le secrétaire-pervers d’un air ennuyé.

« - Nobuo Fujita. » Répondit l’intéressé avec un ton aimable malgré la frustration qui grandissait en lui.

« Un instant.. » Il tapa à l’ordinateur pour retrouver son fichier, dévisagea Nobuo puis retourna à son écran. Probablement venait-il de voir pour quelle raison on l’avait sentencié à venir ici…On le jaugeait. Il était étiqueté, maintenant. « Nobuo Fujita, voleur. » Mais bon, il n’en avait pas honte, c’était ce qu’il était…mais il n’était pas sûr d’apprécier le regard que lui jetait l’employé du lycée…c’était un regard méprisant, supérieur…parce que lui, il n’était pas élève ici. Et que lui, il avait du pouvoir sur lui, qu’il pouvait le faire patienter des heures avant de lui indiquer le dortoir. Mais bon, son air dégouté semblait indiqué qu’il n’appréciait pas vraiment la présence de élèves et il lui indiqua « chambre 34, troisième étage, prend l’escalier au bout du couloir de l’aile sud » sans grande conviction, lui jeta presque la clé à la figure puis retourna à sa lecture obscène.

Nobuo monta les escaliers avec difficulté sans que personne parmi les élèves montant ou descendant les marches ne lui propose de l’aide… « À quoi est-ce que je m’attendais? » se sermonna-t-il « …je dois être le seul à avoir du savoir vivre, ici, dans cette école de maniaques! » Il arriva finalement à sa chambre dont la porte était entrouverte. Il la poussa et entra. Deux lits jumeaux, deux meubles de rangement pour le linge, une penderie, une table de travail…sobre, efficace. La moitié de la chambre était déjà occupée par les effets personnels d’un autre…une valise était posée sur le lit à gauche de la porte. Nobuo soupira pour la énième fois depuis son arrivée. Il espérait que son colocataire serait quelqu’un de…normal…

Le voleur déposa ses bagages sur le lit vacant puis garda le silence, faisant le tour de la pièce du regard…inconsciemment, il s’approcha des bagages de l’autre…juste regarder, ça ne fait pas de mal, hein?

Bon, ce n’est pas parce que ça le démangeait du bout des doigts jusqu’au coude de tendre le bras et de voir ce qui se cachait dans cette valise que Nobuo était en position dangereuse, si? Ce n’est pas parce que malgré tous les efforts qu’il faisait pour regarder ailleurs mais que son regard était impitoyablement attiré par ces objets défendus qu’il fallait fouiller, hein? « Non! » se fit violence le jeune voleur. « Hors de question que je me compromette quand je ne connais même pas le propriétaire de cette valise...il est peut-être un fou dangereux...tu en voudrais pas te mettre un fou dangereux à dos, si? » ...

Tout ce dilemme intérieur devait paraître physiquement...le corps légèrement penché vers la valise, le regard hypnotisé portant un certain désir...les doigts qui se contractaient en poing si on savait avoir le bon timing pour le voir, signe que ça lui prenait tout son bon sens pour se retenir d’agir. Tellement pris par son débat personnel, il n’entendit pas la porte s’ouvrir complètement ni les pas de l’autre sur le tapis.

Soudain, alors qu’il allait faire volte-face pour retourner à son lit (oui, pour une fois il avait réussi à se contrôler), il sentit une secousse au bout de son bras droit le forçant à pivoter sur lui-même. Il eut à peine le temps d’apercevoir un garçon aux cheveux bruns qu’il fut plaqué au sol, l’impact lui coupant la respiration pendant quelques secondes. Dans cette position un peu désagréable, il eut tout le loisir nécessaire d’observer les traits de son attaquant qui avait pris une position très équivoque au dessus de lui, le poing en l’air en signe plus qu’évident. Il avait l’air hors de lui, ses yeux bleus reflétant une rage un peu exagérée pour le délit qui aurait pu être commis...

« Géniaaaal j’ai hérité d’un psycho! » fit-il mentalement avec ironie. « Dire que je n’ai rien volé en plus! Qu’est-ce que ça aurait été si j’avais touché à ses affaires? » L’autre psycho s’adressa à lui avec colère, demandant des réponses qui devraient venir sans quoi...Nobuo mangerait probablement un poing à la figure. Il déglutit malgré lui, réaction instinctive même si le voleur n’avait pas vraiment peur.

« - Euh....Je crois qu’on est colocataires... » fit-il en agitant devant le visage de son assaillant la clé qu’il tenait toujours dans sa main droite. « Et j’ai rien fait, imbécile. » ajouta-t-il dans sa tête. « J’ai rien touché, j’te jure! » s'empressa-t-il d'ajouter, comme si il sentait que l'excuse du colocataire n'était pas suffisante. Mais aussitôt que les mots eurent franchit ses lèvres, il eut un doute. Dire ça, c'était peut-être dire que le larcin lui était passé par la tête... Peut-être qu'il en avait trop fait...c'était une réponse normal qui aurait convenu à bien des gens...mais la plupart des gens ne vous plaquent pas au sol quand ils vous voient dans leur chambre...Donc oui, peut-être qu'il allait quand même recevoir un coup de poing au visage...juste parce qu'il avait eu le malheur de s'approcher de la valise de l'autre colérique.

HJ : Moi aussi je t’aime

Les pensées qui semblaient traversé le regard de l’autre jeune homme n’avaient rien pour rassurer Nobu. À vrai dire, c’était plutôt terrifiant de voir que sa déclaration d’innocence avait plutôt été prise pour un aveu de future culpabilité…parce que c’était bien ça, en fait. Il n’avait rien pris dans cette valise…mais il avait été à un doigt de le faire…à un doigt de fouiller et d’empoter un petit souvenir dans ses propres affaires.

Nobuo déglutit tout en jetant un regard furtif vers le poing qui pendait devant son visage. L’autre maniaque ne semblait pas décidé à lui répondre et le jeune voleur commençait à trouver le temps long, ainsi plaqué contre le sol, à ne pas savoir si il allait recevoir le coup de poing fatidique… « Bon, à tout coup il le neurone ne repassera pas avant quelques minutes! » se dit-il intérieurement avec une méchanceté ironique. « S’il pouvait se décider, que j’aille mal et qu’on n’en parle plus! » Soudain, le poing menaçant s’abaissa doucement et se déplia en une main plus inoffensive. Puis, finalement, le jeune homme se redressa et relâcha son emprise sur lui. Quelque chose de froid vint s’écraser sur la joue de Nobuo…une goutte d’eau tombée des cheveux de son agresseur, apparemment.

Le brun essuya la goutte d’eau…c’était un geste impensable, incompréhensible…Nobuo avait eu une certaine crainte à voir cette main s’approcher de son visage, ses yeux avaient cligné une seconde, craignant le coup…mais rien. Puis, encore plus impensable, vinrent des excuses. Le voleur cligna des yeux à nouveau, incertain. « Quoi? Je rêve?? » fit-il mentalement…même si c’était plutôt visible sur son visage. Son agresseur se releva et se plaça dos à lui…drôle de comportement!

Nobuo quant à lui, resta étendu sur le sol. Il n’arrivait tout simplement pas à y croire…Il n’avait pas frappé…alors que l’idée semblait tellement le réjouir, alors qu’on pouvait presque apercevoir le début d’une envie de tuer dans ce regard assassin. Et à part ce petit engourdissement dans son épaule là où l’autre l’avait maintenu sur le sol, il était en parfaite forme et sans blessure grave. Le voleur prit finalement conscience de son cœur battant la chamade…il ne s’en était même pas rendue compte…oui il avait eu un peu peur…mais pas à ce point là, si?

L’autre s’excusa à nouveau ce qui ramena Nobu à la réalité. Il se redressa en silence, replaçant un peu son chandail et contempla le dos de son nouveau colocataire qui était allé s’assoir sur son lit... « Waaw… méchant numéro, celui-là…il est peut-être bipolaire? » Il se releva toujours aussi silencieusement et alla s’assoir sur son lit.

« Ça va. » Il soupira. « Si tu veux…on peut tracer une ligne sur le sol, je resterai de mon côté… » Ajouta-t-il avec ironie. Aussitôt les mots prononcés, le rouquin regretta ses paroles. Il fallait faire attention à ce qu’on disait en face de cet énergumène!! C’était pas le moment de tester ses sarcasmes!!