Lâchez-moi un peu [Libre]

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(J'ai une heure de trou, j'me fais ch*er...)

Après s'être complètement perdu dans les couloirs du lycée, Zach avait fini par "atterrir" sur cette merveilleuse étendue vide de monde (ou presque) qu'on avait appelé "le toit".

(Tiens, on peut aller sur le toit. C'est marrant, dans mon ancien bahut ils avaient cadenassé l'accès à cause des suicides... En fait, on ne pouvait aller sur le toit dans aucun des lycées dans lesquelles je suis allé, en France.)

Zach engloba de son regard le paysage tout entier. On avait un vue magnifique sur la ville, et sur l'horizon. Il s'avança jusqu'au bord, s'appuya contre le grillage de protection. Les morceaux de ciel se découpaient en triangles bleus clair quand on regardait à travers (le grillage).

(C'est nul, ce truc. J'vais l'escalader, je serais mieux de l'autre côté.)

Prenant son élan, Zach sauta et s'accrocha au grillage à une hauteur suffisante pour pouvoir passer par-dessus. Il se laissa tomber de l'autre côté, avant de se retourner. Devant lui : le vide.

"Waah, on peut voir la vraie couleur du ciel !"

S'écria-t-il à voix haute, avant de se rendre compte qu'il y avait quelqu'un à côté de lui.




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Zach fut surpris d'entendre une réponse de la part du gars à côté.

(Lancer ce genre de remarque doit être "normal", il a dû croire que je lui parlais même si je suis pas sociable, alors qu'en fait, je parle tout seul. =_= C'est pas plus mal. Il a l'air sympa.)

"Oui, c'est vrai que c'est chouette. Salut, je m'appelle Saru et je suis en deuxième année ici"

Puisque quelqu'un avait daigné s'intéresser à sa personne, l'ego de Zach en fut flatté. Il répondit donc :

"Je m'appelle Zach. J'ai un an de plus."

Dit-il, tentant pour une fois de paraître amical.

(Lui au moins, il a l'air normal. Pas comme l'autre goth bizarre qui ne se prend pas pour de la merde - lui je l'aime pas - ou encore mon compagnon de chambre à deux personnalités - dont l'une est un pervers fini, d'ailleurs.)

Comme Saru, qui un demi instant plus tôt regardait ses pieds, reporta son attention sur lui, Zach décida d'ajouter quelque chose. Histoire d'engager la conversation.

"En fait, ça fait un peu plus d'une semaine que je suis là, alors que je connais pas encore très bien les environs."

(On va voir ce que ça donne, si un type comme moi essaye d'engager une conversation normale, logique et construite - voire constructive.)

Zach regarda son voisin, et se dit que sa position devait être confortable ; il adopta donc la même. C'est vrai que c'était marrant, de regarder ses jambes pendre dans le vide.




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"Je m'appelle Zach. J'ai un an de plus."

Oh ça avait marché, le garçon, Zach, lui avait répondu, c'était magique ce qu'une simple phrase pouvait faire comme effet. Bon d'accord, arrêtons l'ironie, de toute façon il paraît que ça ne me va pas bien au teint. Je hochais la tête en souriant en direction de Zach pour répondre à sa présentation. Zach semblait vouloir parler

"En fait, ça fait un peu plus d'une semaine que je suis là, alors que je connais pas encore très bien les environs."

Je le regardais en fronçant les sourcils.

"Une semaine et personne ne t'a encore proposé de te faire faire le tour du propriétaire ? C'est bizarre, d'ordinaire c'est ce qu'ils font tous, du moins ça s'est passé comme ça pour moi. Et après, impossible de me défaire de mon guide. J'esquissais un sourire amusé. Pour mon plus grand malheur."

Je le regardais s'asseoir de la même manière que moi. C'est bien ce garçon ne semblait pas du genre bavard, j'essayais tout de même d'engager la conversation.

"Sinon, tu as des cours préférés ou bien es-tu comme moi et en as-tu marre de toujours les entendre raconter la même chose ?"

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Zach préféra taire sa première rencontre avec son "guide", ainsi que le fait que ce n'était pas l'action de visiter le lycée qui allait lui faire prendre connaissance des lieux. Quand on avait un sens de l'orientation m*rdique et ce depuis sa naissance, on se faisait une raison. Ceci dit, Saru sembla vouloir continuer la conversation.

"Sinon, tu as des cours préférés ou bien es-tu comme moi et en as-tu marre de toujours les entendre raconter la même chose ?"

(Oh, un mec qui partage ma vision de l'école !)

"Bah, les cours me gavent."

(Surtout que quand on se considère comme étant plus intelligent que le prof, c'est difficile d'apprendre quelque chose de potable.)

"En fait, j'ai jamais rien foutu de ma vie et c'est pas maintenant que je vais m'y mettre."

(Je dirais même que je n'ai aucun avenir. Si je suis ici, c'est que forcément...)

"Euh, en fait moi j'ai une heure de trou là. Et toi ? Toi aussi ou tu sèches ?"

Zach songea vaguement à Persona, qui devait l'attendre quelque part dans l'établissement. Bah, il s'était perdu
, ce n'était tout de même pas de sa faute. Et puis il n'avait pas pensé à prendre son portable. Sans compter que jusqu'à maintenant, tous les gens à qui il avait parlé s'étaient montrés infréquentables. Autant discuter un peu avec Saru - mais il se répétait, là.



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"Bah, les cours me gavent."

Cette réponse fit naître sur mes lèvres un demi-sourire amusé, il est bien évident que les cours "gavaient" la majeur partie des élèves qui étaient ici, rares étaient ceux que ça passionnait, c'est pour ça que nos profs sont si...particuliers, il faut bien nous "mater". Je regardais Zach et hochait la tête en esquissant un sourire.

"A mon avis nous ne sommes pas les seuls dans ce cas-là"

"En fait, j'ai jamais rien foutu de ma vie et c'est pas maintenant que je vais m'y mettre."

(Tiens donc, c'est une façon originale d'aborder son existence)

"Moi je travaillerais bien....si seulement ce qu'ils racontaient était intéressant, si seulement ça allait nous servir pour plus tard....mais de ce côté là, il ne faut pas rêver."

"Euh, en fait moi j'ai une heure de trou là. Et toi ? Toi aussi ou tu sèches ?"

Techniquement j'étais censé être en cours, mais comme Zach le constatait si bien, je séchais. Je hochais la tête.

"Oui, là c'était un cours de maths il me semble, le prof m'a prit la tête, alors je me suis barré."

Je pris un nouveau cailloux et le laissa tomber du haut du toit.

"C'est marrant la gravitation, tu ne trouves pas ?"

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"A mon avis nous ne sommes pas les seuls dans ce cas-là"

(En effet, mais je remarque plus chez les autres un refus de consistance intellectuelle. Une paresse mentale, c'est triste. C'est pas mon cas.)

"Moi je travaillerais bien....si seulement ce qu'ils racontaient était intéressant, si seulement ça allait nous servir pour plus tard....mais de ce côté là, il ne faut pas rêver."

(Impossible pour moi de travailler. Si ça m'intéresse, c'est pas du travail. Mais rien ne m'intéresse. Enfin rien de ce qu'on apprend en cours. De toute façon tout ce que je sais, je l'ai appris dans les livres... L'école, ça ne sert à rien. Pire : ce n'est pas de l'enseignement mais du conditionnement.)

Zach considéra un moment son compagnon, prenant en compte le fait qu'il était précisément en train de sécher un cours de maths. Normal, quoi.

"La gravitation, hein ? Oui. Nous restons attachés au sol, peu importe le désir que nous avons de s'envoler vers le ciel. Si on saute, on va retomber... Curieux phénomène, dans un sens."

Dit Zach, se penchant vers le sol ; suivant la course du cailloux dégringoler vers le sol.




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"Curieux, en effet. Mais en même temps, je n'ai pas envie de faire comme ce caillou et finir la tête écrabouillé quelques mètres plus bas sur le bitume, ça n'est pas très esthétique"

"Esthétique ? Non, en effet. Mais d'un autre côté, l'avantage de la défenestration, c'est que tu es en suspension dans l'air un instant avant ta mort. Il existe une théorie qui émettrait l'hypothèse selon laquelle on meurt de crise cardiaque avant de s'écraser au sol. Une belle mort, en soi..."

Saru se leva, avec la visible intention de s'en aller. Il dit d'ailleurs :

"Bien, je vais retourner à l'intérieur, je pense que je vais aller m'allonger un peu en attendant la fin du cours, tu veux que je t'aide à aller quelque part ou tu pourras retrouver ton chemin tout seul ?"

(Je ne sais pas trop comment je dois le prendre... prenons-le bien, ça évitera des complications.)

Zach se releva à son tour.

"J'avais un rendez-vous... à la bibliothèque. Mais bien évidemment, je sais pas où c'est. Merci, hein, c'est sympa de ta part."

(Quelle idée aussi, de me donner rendez-vous à la bibliothèque.)

Zach pensa quand même que c'était tant mieux que quelqu'un daigne l'aider à retrouver son chemin, parce qu'à ce rythme-là il serait resté toute la journée et peut-être même la nuit sur le toit. Dormir à la belle étoile, pile ce qu'il aurait détesté faire. Il escalada de nouveau le grillage, en sens inverse.




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"Ne t'inquiètes pas, c'est le cas de tout le monde ici, peu de gens arrivent à trouver leur chemin la première année. C'est à se demander si ce n'est pas fait exprès, ils sont tellement bizarre dans le coin."

"Bizarre ? C'est clair que tous les gens que j'ai rencontré jusqu'ici ont été plutôt du genre... comment dire... insolites. Même les profs."

(Y'en a même un qui a essayé de m'violer... Et un élève, aussi. Quelle peine, dirait-on.)

Zach grimaça en repensant à ses épisodes dont il gardait un souvenir plutôt fâcheux. Au moins son compagnon de chambre était-il devenu son copain, mais après l'avoir agressé. Il soupira.
Voyant que Saru était en train de partir, il s'apprêta à le rejoindre.

"Tu viens Zach ?"

"J'arrive, j'arrive."

Répondit-il, emboîtant le pas à Saru.

(C'est vrai, il a raison. Ils sont lourds, à la fin. C'est quoi l'intérêt de construire des bahuts-labyrinthes ? Déjà que j'ai un sens de l'orientation d'une efficacité douteuse, si en plus ils en rajoutent... à la fin de l'année, je ne saurais toujours pas me repérer - à condition que je ne me fasse pas virer avant, mais bon il y a tellement de gens pires que moi ici. Ils doivent être habitués à la casse.)




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